Pulsions Scopiques
Elle était entrée, sans hasard aucun, dans ce cinéma d’angle non loin de la gare. La façade
était la première à l’avoir charmé : des néons aux formes froides, des lumières chaudes, des
airs d’années 50. Elle n’était pas discrète pour un sou, cette façade de cinéma X qui
tranchait avec provocation le calme et la noblesse des environs.
Passé le pas de la porte, elle découvrit un univers tout autre. Glacial. Le hall donnait sur
quelques cabines individuelles, un cabinet de toilettes douteux, une pièce pour couple, et
trois salles de projection. Le tout sentait une odeur de javel et de linoléum chloré, ce qui lui
donna un haut le cœur faisant remonter son estomac dans le fond de sa gorge qui serait
remplie à nouveau bien assez tôt ...
Pour échapper à l’angoisse de cet espace impersonnel, elle se glissa discrètement là où on
passait du porno hétéro. Très intimidée, elle alla se cacher vers les sièges du fond qui
formaient quelques petites alcôves plus intimistes. Bien évidemment, malgré toutes ses
précautions, les quelques spectateurs se tournèrent avidement à ce nouveau spectacle qui
s’offrait sous leurs yeux. Une jeune femme frêle, à la poitrine trop opulente pour sa condition
physique, aux lèvres entrouvertes, et aux longs cheveux bruns venant se perdre dans son
décolleté profond.
Inconsciente de l’excitation qu’elle générait, elle se laissa happer par l’écran en glissant
timidement une main sous sa jupe pour effleurer du bout des doigts sa toison. La scène était
banale, une petite blonde, russe probablement, et un jeune homme se faisaient l’amour
tendrement dans une chambre immaculée. Elle avait horreur de ces mises en scène
soignées, de ce côté arty surfait, et elle commença alors à divaguer fasse aux images. Et si
un autre type rentrait brusquement ? Et s’il abattait le jeune homme trop propret à bout
portant ? Et si le sang s’écoulait pour venir souiller le corps trop pâle de la russe ? De
questionnements en questionnements, et d’évocations en images, elle recréa seule une
œuvre à la hauteur de ses attentes. Elle était curieuse des chairs qu’on ne voit pas, celles de
l’intérieur. Elle était curieuse de l’odeur des viscères, de la texture des fluides et de la
déshumanisation par la violence. Elle recherchait du sexe sale et poisseux, de l’horreur à
l’état pur, du répugnant et du sordide.
Perdue dans ses élucubrations, elle n’avait pas vu l’homme s’approcher d’elle. Bien plus âgé
et bien plus habitué des lieux, il avait déjà pris son sexe en main et l’agitait doucement pour
ne pas finir trop vite. Il l’observait depuis un long moment et s’excitait en regardant la courbe
de sa bouche de petite pute, la pointe de ses tétons qui laissait deviner l’absence de soutien-
gorge, le haut de ses cuisses fermes qui dissimulaient encore l’ouverture probablement
moite de sa fente. Il s’excitait de se savoir pur voyeur face à celle qui paraissait si innocente
aux premiers abords. Il était bien loin d’imaginer que ses fantasmes dépassaient
l’entendement ...
Lassé de sa propre main, il s’approcha lentement d’elle et lui saisit le poignet. Ce premier
contact eu l’effet d’un électrochoc. Elle sorti subitement de sa torpeur et dévisagea le
cinquantenaire affamé. Ils ne se dirent rien, se regardèrent, et comprirent que l’accord était
commun. L’homme fit alors glisser sa verge d’une extrême dureté entre les doigts fins de
l’ingénue. À sa grande surprise, il sentit rapidement les gestes d’une experte en la matière.
Elle alternait entre rythme languissant et frénétique, le tout en donnant un mouvement de
poignet qui le faisait gonfler un peu plus. Son gland énorme surplombait un sexe long et
large. Déjà la bouche de la jeune femme s’entrouvrait, appelant cette bite énorme, l’invitant à
se loger dans sa gorge. Remarquant cette exaltation, il pressa violemment sa tête contre son
ventre, et elle engloutit sa bite d’un seul coup. Il aimait voir les larmes couler lentement le
long de ses joues. Il savait qu’il l’étouffait et il adorait ça. Et elle également, adorait ça.
Pendant que sa queue fouillait l’intérieur de sa bouche, il se mit, dans un élan impulsif, à la
gifler, à couvrir ses joues de petites claques furtives. Son mascara répandu sur son visage
lui donnait des airs de chienne en chaleur. Elle retira subitement son gourdin de sa bouche,
cracha dessus, et étala sa propre salive sur son menton, son nez, et tous les centimètres de
peau atteignable. Elle voulait être sa salope. Elle avait envie de cet homme plus que jamais.
Déjà autour d’eux c’étaient réunis une dizaine de curieux, des couples et des hommes
seuls principalement, tous beaucoup plus vieux qu’elle. Ils observaient la scène avec une
attention religieuse. Espérant découvrir avec plus de précision le corps de cette petite
suceuse qui venait animer leur soirée ...
Attentif à ces regards, et ne les connaissant que trop bien, l’homme exauça le vœu de ces
pervers en manque. Il tira sur le décolleté de sa soumise d’un soir et dévoila ses deux seins.
La pression des bretelles de son débardeur sur ses épaules lui fit pousser un adorable
gémissement de douleur et déjà la zone rougissait. Sa poitrine était terriblement gonflée, ses
aréoles roses accueillaient en leur centre des petits tétons d’une extrême sensibilité. Il se mit
à claquer ses deux globes tout en remettant sa pine dans sa bouche. À chaque gifle elle
mouillait un peu plus, à chaque coup elle s’abandonnait de plus en plus à la soumission. Il
pinçait aussi ses pointes pour lui arracher quelques cris aigus, ses gémissements le poussait
au bord de l’orgasme. Mais il avait bien trop envie de jouer avec elle pour jouir
immédiatement. Il se délectait des vas et viens de son chibre dans sa bouche chaude. Elle le
suçait à merveille, en le prenant régulièrement dans sa gorge. Elle aimait ça. Elle aimait ça à
un tel point que déjà de la cyprine coulait le long de ses cuisses. Sa petite culotte souillée
n’était plus qu’une barrière frêle entre sa chatte et cette bite énorme qu’elle aspirait.
Elle avait des envies qu’elle n’osait formuler, elle avait envie qu’il l’insulte, elle avait envie
qu’il la défonce, elle avait envie qu’il l’humilie.
Il avait, bien évidemment, deviné ces attentes. Cette petite chienne était bien trop experte
pour s’arrêter à une simple pipe. Il avait envie lui de son côté de la prendre par le cul, de la
fesser, de la dresser surtout. Il voulait faire d’elle sa chose. Mais, son public commençait à le
lasser. Il la saisit alors par les cheveux, la cambrant en arrière. Une incommensurable envie
de lécher et sucer ses seins s’empara de lui, mais il lutta, il lui réservait ce genre de
traitement pour plus tard. Il la sortit alors de la salle, une main agrippant sa tignasse, l’autre
en serrant sa nuque, pour l’emmener en salle de projection ...
Le gérant du lieu ne fut pas surpris lorsqu’il les aperçus sortir ainsi hors de la salle. L’homme
se dirigea vers un petit escalier de service dans lequel il la jeta à quatre pattes.
« Maintenant, monte à quatre pattes. Je veux voir ton cul et ton con dégoulinant sous mes
yeux. Je veux voir tes seins pendre comme les deux grosses mamelles de la chienne que tu
es. Et tu as tout intérêt à te presser, sinon je te défonces tes petites miches à coups de
ceinture. »
Elle s’exécuta et pris grand soin de faire rouler son cul à chaque marche montée. Elle
s’arrêta à mi-chemin et attendit. Elle savait qu’il n’avait pas de ceinture et elle était curieuse
de voir quel châtiment allait lui être réservé. D’un air de défi, elle se retourna à demi, juste
assez pour planter son regard dans le sien. Alors, il se rapprocha à toute vitesse et, sans
dire un mot, écarta ses fesses rondes en tirant assez fort dessus pour lui faire mal. Il cracha
sur son anus serré et enfonça son pouce à l’intérieur.
« Hé ben ma salope. C’est pas ta première fois par ce trou là à ce que je vois. Tu aimes te
prendre des gourdins dans le cul ? Tu vas être servie, j’adore ça. Continue de monter
chienne. »
Elle se remit en marche, bien trop curieuse de découvrir la cabine de projection. Qu’elle ne
fut pas sa surprise lorsque celle-ci s’ouvrit sur des appareils pour 16 et 35mm ! Elle était
persuadée que le complexe n’était équipé qu’en numérique. Il lui prit alors l’envie de voir du
porno sur pellicule, de sentir la matière, de s’enrouler dans les bobines, de se faire étrangler
avec ...
« Je sais à quoi tu penses chienne. Oublie tout de suite. Tu n’y touchera pas, tu ne les
abimera pas avec tes sales mains souillées par le sol et ma queue. Mais ... je vais te
montrer deux trois choses de mon cru, si et seulement si tu obéis à mes ordres. »
À genoux face à lui elle acquiesça avec détermination, animée par l’envie de découvrir ses
ordres et de voir la projection qu’il lui réservait.
« Bien, bien salope, tu es sage c’est bien. Tu vois la table là-bas ? Te tourne pas pour
regarder chienne je ne te l’ai pas ordonné. Hé bien cette table tu vas grimper dessus, y
asseoir ton joli petit derrière, et tu vas écarter ta chatte devant moi. Et attention, tu te branles
pas, tu ne fais rien, tu écartes c’est tout. »
Elle se redressa et alla à l’endroit indiqué. Le meuble était froid et désagréable. Une fois
assise, elle posa ses pieds de part et d’autre de la table et révéla une vulve rouge, gonflée et
humide, surmonter d’une toison sombre et bouclée.
Elle plaça ses doigts sur ses petites lèvres et tira les chairs qui s’écartèrent en un petit bruit
mouillé. Elle était offerte, béante sous le regard inquisiteur de son bourreau. Elle était
presque nue tandis qu’il était encore habillé. Elle mouillait de cette domination, et était à la
fois frustrée et ravie par cette position dont elle avait honte et qui l’humiliait au plus haut
point. Pendant ce temps, il avait déboutonné son jean et ressorti son membre turgescent. Il
se branlait en la regardant avec avidité, se demandant comment à son âge cette petite
traînée pouvait être aussi dévergondée.
La scène dura ainsi pendant quelques minutes qui parurent durer une éternité. Le souffle
court, il se rapprocha d’elle. Elle était tétanisée à l’idée qu’il la touche entre ses cuisses.
Tétanisée à l’idée qu’il s’y prenne mal. Elle rêvait de doigts experts. Heureusement pour elle,
ce petit jeu était son préféré. Il commença à branler doucement son clitoris en prenant bien
garde à le laisser sous son capuchon, et il observait avec attention le visage de sa victime.
Elle léchait et mordait ses lèvres pulpeuses en fermant les yeux. Son regard à lui l’intimidait
bien trop pour qu’elle se permette de s’y perdre. Elle commença à se caresser les seins, à
les palper et les presser dans la paume de ses mains. Elle voulait jouir de chaque zone
érogène de son propre corps. Lui, de son côté, faisait aller et venir ses doigts le long de sa
petite chatte immergée. Il voulait qu’elle baigne dans son jus, que ses fesses en soient
recouvertes. Puis, il se mit à genoux, approchant son visage vers l’objet de ses caresses.
« Maintenant, tu ouvres les yeux. Je ne veux pas que ton regard quitte le mien. Tu vas me
regarder te bouffer la chatte. Et tu vas me regarder du début à la fin. Je te jure que si ton
regard quitte le mien je te mords jusqu’à ce que tu saignes et je te déchires ton con. C’est
compris ? »
Elle ouvrit alors les yeux et plongea en lui. Elle ne le quittait plus. Elle c’était ancrée
profondément pour ne pas perdre pieds. Il avait d’ores et déjà commencé le travail. Sa
langue fouillait les moindres recoins de son anatomie.
Tantôt sur sa fente et tantôt glissant le bout à l’intérieur, il faisait en sorte qu’elle hurle de
plaisir, il voulait la voir s’abandonner, il voulait qu’elle s’offre entièrement à lui. Sans barrière,
sans pudeur. Mais la salope résistait. Elle savait ce qu’il voulait, elle ne connaissait que trop
bien ces manigances typiques des dominants invétérés. Mais elle se refusait à lui donner.
Elle voulait le pousser à bout pour que sa soumission n’en devienne que plus grande. Elle le
voulait extrême, fou, et ravagé. Alors elle ne gémissait que par à-coups, feignant un certain
désintérêt pour la chose alors qu’au fond d’elle elle savait pertinemment qu’en s’obstinant il
parviendrait à ses fins.
Il se redressa alors, tout en continuant de la fixer, et plongea ses doigts dans son trou déjà
élargit par l’excitation. Et il la branla comme elle ne l’avait jamais était.
Ses vas et viens ne cessaient pas, il la baisait littéralement avec ses doigts tout en l’insultant
copieusement.
« Je sais que tu aimes ça chienne, qu’on t’insulte comme la petite pute que tu es. Espèce
de sale traînée, t’aimes ça hein ? Attends d’avoir ma queue au fond de ta p’tite chatte de
nympho et là tu vas hurler, là tu vas me supplier d’arrête. Hé ! Hé qu’est-ce que tu fous ?! Je
te parle bordel, regarde-moi ! »
Les yeux révulsés, elle avait finalement cédé. Ne pouvant plus se retenir, elle expulsa en
un cri de plaisir une cyprine fluide et transparente qui sortait en jets saccadés de son corps.
Tout son corps tremblait, et déjà elle n’en pouvait plus alors que le jeu ne faisait que
commencer. Elle sentait son sexe s’ouvrir et se fermer sur les doigts de celui qui dorénavant
serait son maître.
« Oh putain ! Hé bah ça ma coquine je ne m’en serais pas douté. Alors comme ça on est
fontaine ? Mais t’as pas honte d’en foutre de partout comme ça ? Bien sûr que non t’as pas
honte espèce de cochonne ... Bon. T’as bien mérité une petite récompense. Tu vas voir, ce
n’est pas de la peloche, juste un petit montage de mon cru. Et t’inquiètes pas que je vais te
ramoner salement pendant que tu regarderas ces horreurs. »
À moitié sonnée, sa bouche se mis en quête de la sienne pour trouver un peu de tendresse
après la jouissance. Elle ne désirait à ce moment-là rien de plus qu’aspirer cette lèvre
inférieure charnue qui donnait à l’homme un air bourru et boudeur. Mais il s’y refusa.
« Hé oh tu fous quoi là ? T’as cru que j’étais ton mec ? La tendresse ça sera pour la fin. Et
encore, faudra bien me faire jouir des litres pour ça. Maintenant tu te lèves, tu te mets face
au retour écran juste là, et tu vas voir, on va bien s’amuser tous les deux. »
Elle posa ses mains de chaque côté de la machine. Trônait en son centre l’écran. Objet de
désir immédiat. Ses doigts caressaient la matière rigide et granuleuse de cette boîte à
fantasmes. Que lui réservait-il ? Était-elle la première ? Ou cette mise en scène avait été
répétée de nombreuses fois avant sa venue ?
« C’est ton jour de chance ma jolie. Des cinéphiles on n’en voit pas tous les jours par ici. Et
me dis pas non, je sais de quoi je parle. La manière dont tu t’appropries l’espace, le siège, la
toile ... T’étais chez toi-même en venant une première fois, tu ne connais que trop bien tout
ça. J’espère que je ne me trompe pas sur ton compte petite connasse. Putain c’que j’aimerai
fouiller ton cerveau, plonger mes doigts dans ta vilaine petite cervelle et extraire toute la
matière fétichiste accumulée pendant tes années de visionnage ... Dis-moi chienne, t’aimes
quoi ? Dis-le-moi tout de suite et me mens pas. »
Elle s’aperçue à cet instant précis qu’elle n’avait pas dit un mot depuis son arrivée. Son
menton tremblait et elle n’était même pas sûre de pouvoir prononcer quoique ce soit.
Comme si cette heure l’avait réduite à l’état d’esclave absolu. Néanmoins, elle parla pour
satisfaire la curiosité de cet étrange homme.
« Euh ... De tout ... Enfin non, non pas de tout ... Enfin je sais pas, j’en sais rien ... Je
regarde des trucs dégueulasses, je regarde du porno, je regarde du gore, je regarde du
psyché ... J’en sais rien, je crois que vous me faites peur. C’est ça, vous m’intimidez trop.
J’en sais rien ... Je regarde des trucs sales des seventies, des histoires sordides ... Mais de
vous sentir là derrière moi comme ça je sais pas ... Je perds tous mes moyens. Me
demandez pas de parler ... »
« Attends, attends, j’ai bien entendu là ?! C’est un ordre ou bien ? Mais t’es complètement
malade ma pauvre ! »
Sur ces mots, il asséna une claque violente sur son cul tendu. Elle cria de surprise et rougit
de honte. La trace de ses cinq doigts s’imprimait sur elle comme un marquage au fer rouge.
« Bon allez, je vais t’aider puisqu’apparemment t’es trop conne pour aligner un mot après
l’autre. Sayadian, Damiano, Kikoïne, ça te parle ? Mais bien sûr que ça te parles ... Crache
le morceau salope ! Mais tu vas parler putain ! »
Elle commença à sangloter sous la pression et sous l’émotion. Jamais ses deux passions
n’avaient été aussi proches. Jamais elle n’avait mêlé le sexe au cinéma. Sa gorge se gonflait
de sanglots incontrôlables. Un flot d’émotions la submergea.
« Merde ... Hé, pleure pas gamine, pleure pas. Regarde plutôt ce que le vieux te réserve.
T’es bien la première à voir ça. Quand j’t’ai vu ça m’a donné de drôles d’idées ... Drôles
comme toi gamine. Allez, regarde attentivement et laisse-moi faire. »
L’écran s’alluma. Et la cabine fut plonger dans le silence le plus total. Les images défilaient
les unes après les autres. D’abord softs, puis de plus en plus violentes et crues ... Du found
footage d’origine inconnue, du hard-crad, des images de l’holocauste, puis un défilé
surréaliste de scènes plus trashs les unes que les autres. Des visages noyés de foutre, des
avortements au cintre, des trous béants souillés de salive et de sang, des muqueuses
perforées, des crânes explosés, des scènes de torture extrêmes, des décapitations au
réalisme douteux. La jeune femme avait l’impression d’être à l’extérieur d’un train qui
défilerait sous ses yeux. Chaque fenêtre étant une nouvelle image, une nouvelle scène. Cet
enchaînement inattendu la berçait plus qu’il ne la troublait.
Il était encore derrière elle et la regardait avec fascination. Comme une petite créature si
chétive pouvait s’intéresser à de telles choses ? Une certaine faiblesse s’emparait de lui,
impressionné par cette brune nue, à portée de mains, complètement absorbée par le
montage qu’il avait préparé quelques mois plus tôt. Cette sensation passagère n’allait pas
dans son sens, et pour se ressaisir il se mit à la frapper copieusement. Les cuisses, les
fesses, les seins, tout y passait. Il profitait de chaque coup pour la pincer, la palper. Elle
gémissait à présent sans retenue, elle n’était plus là ou plutôt elle était si ancrée dans
l’instant présent qu’elle laissait les choses se faire sans se poser de question. Son esprit
divaguait entre l’écran et cet homme juste derrière. Cet homme qui avait compris en un
instant la complexité de sa sexualité, de ses envies, et de sa perversion. Elle le savait
vicieux, obsédé, pervers et affamé, et c’est ce qui lui plaisait tant. Elle sentait les coups
pleuvoir sur sa peau, et elle n’avait qu’un désir : se retourner pour le voir, pour avoir enfin le
courage de se noyer en lui. Elle réussit à se détacher du montage, se retourna d’une traite,
et le poussa de ses deux mains pour le plaquer contre le mur juste derrière eux.
Ce revirement de situation surprenant lui donna un regain d’énergie et de violence. Il la
saisit par la mâchoire et écrasa sa bouche contre la sienne. Il la dévorait littéralement. Les
langues se mêlaient tout comme leur salive qui coulait le long de leur visage. Ils
s’embrassaient à présent avec fougue et passion, ayant compris l’un et l’autre à quel point ils
étaient similaires et complémentaires.
« Je vais être familière et passer au tutoiement mais je t’en supplie, je t’en prie, prend moi.
Par pitié prend. Je te veux dans me cul, dans ma chatte, je veux que tu te finisses dans ma
bouche mais par pitié entre en moi. Je ferai tout ce que tu voudras je lécherai le sol pour toi
mais s’il te plaît, s’il te plaît défonce moi. Laisse le montage tourner, je veux qu’on puisse le
voir en même temps, et prend moi, encule-moi, baise-moi, fais de moi ce que tu voudras. »
Elle n’eut pas besoin de se faire répéter ...
« Hmmm ... C’est exactement ce que je voulais entendre. Mais il y a d’autres choses que je
veux entendre sortir de ta bouche. Il y a des choses que je veux que tu dises avant que nous
ne commencions. Déjà, à genoux devant mon chibre. Voilà c’est bien, comme ça ... Putain
ton regard de chienne me rend fou ... Alors tu vas répondre à mes questions par oui ou par
non, et n’essaye toujours pas de tricher. C’est clair ? Bien, bien ... Tu aimes les faciales ? »
« Oui. »
« Parfait, parfait ... Tu fais des gorges profondes, non ? C’est bien ce que tu m’as fait toute à
l’heure ? »
« Oui. »
« Formidable ! Tu t’es déjà pris une bite dans la chatte et une autre dans le cul en même
temps ? »
« Euh ... Oui ... »
« Mais t’es vraiment une petite pute c’est pas croyable. Si tu savais comme je vais te punir
pour tout ça. Je vais t’éduquer, tu vas voir. Bon, bon ... T’avales ? »
« Oui ... »
« Y’a des trucs que tu ne fais pas en fait ? »
« Euh non, non ... Maître. »
« Ça y est enfin tu as compris ! Enfin tu es prête. Tes petites confessions m’ont bien foutu la
gerbe, chienne. Que tu es sale, mais que tu es sale. Tu devrais avoir honte. Hein ?!
T’entends ! »
Sur ces mots, il saisit sa petite esclave improvisée par la gorge, la prenant de ses deux
mains. Elle était absolument fascinée par ses avants bras puissants, bien dessinés et
appelant à la violence. Elle sentait l’étau de ses doigts se resserrer autour de son cou. C’est
alors que se produisit ce dont elle avait toujours rêvé, fantasme absolu qu’elle n’avait jamais
confié à personne. Elle se laissa aller à la noyade et s’oublia dans ses yeux. Au fur et à
mesure que son souffle se faisait plus court, elle sombrait dans l’abîme de ses pupilles
dilatées par l’excitation. Elle mourrait en lui. La vie la quittait et partait le rejoindre. Cet
étranglement, cette strangulation consentie, était ce qu’il y avait de plus beau pour elle.
Frôler l’arrêt cardiaque, s’anéantir en autrui et donner ainsi naissance à une autre sorte
d’être fait de pulsions, de deux âmes malades semblables. Plus il serrait et plus sa verge se
gonflait, atteignant des proportions surréalistes. Son chibre était devenu une poutre dure
comme l’acier. Il relâcha soudainement la pression, sentant qu’il était en train de la perdre.
Ce relâchement la fit tomber au sol, les mains posées sur le carrelage froid. Ses larmes se
mêlaient à sa bave qui sortait d’elle par crachats douloureux et sonores.
Cette vision lui apporta une satisfaction immense. Sa chienne à ses pieds, souffrant, perdue,
inoffensive et à sa merci. Il s’agenouilla pour se mettre à sa hauteur. Caressa doucement
son visage humide. Saisit ses épaules délicatement et la guida pour qu’elle s’allonge sur le
dos. Cette position lui apporta un réconfort instantané. La fraîcheur l’enveloppait et lui
donnait quelques instants de répit.
Pour la deuxième fois, il se laissa envahir par la tendresse et portait sur elle un regard
bienveillant et protecteur. Il haïssait au plus haut point ce qu’elle réussissait à éveiller en lui
malgré elle. Ces pensées excitèrent sa rage et, en une pulsion incontrôlable, il asséna un
coup puissant sur son visage. Son poing vint s’écraser contre sa mâchoire qui craqua en un
bruit de chair mouillée. Du sang perla à la commissure de ses lèvres et elle ne réagit même
pas, les yeux perdus dans le vide.
Elle laissait la douleur s’installer, irradier, elle se sentait vivante. Vivante dans l’agressivité de
cet homme. Elle écarta lentement ses cuisses, invitant son bourreau à y loger sa queue.
Lui-même ne revenait pas de ce qui venait de se produire. Non seulement il ne comprenait
pas son geste, mais en plus il ne comprenait pas sa réaction. Néanmoins, ces réflexions ne
l’empêchèrent pas de continuer.
Il se plaça à califourchon au-dessus de son torse, empoigna ses deux gros seins gonflés et
les pressa de part et d’autre de son sexe. Il se branla ainsi durant de longues minutes.
Ahanant et insultant la jeune femme de temps à autres. Celle-ci, tandis qu’il se masturbait,
avait tiré sa langue pour laper son gland à chaque passage à proximité de son menton. Sa
mâchoire la faisait souffrir mais peu importait la douleur, elle voulait à tout prix goûter sa
peau.
Pour mieux envelopper son dard, il tirait sans vergogne sur ses tétons endoloris. Il les
malaxait et crachait dessus pour mieux les lubrifier. Sa poitrine l’excitait au plus haut point. Il
savait pertinemment que, dans quelques minutes, il serait capable de jouir sur son visage.
Pour faire durer le plaisir, et pour se tempérer, il jetait des regards furtifs vers l’écran encore
actif. Il connaissait ce montage sur le bout des doigts mais restait tout de même effaré par la
dureté de ce qu’il avait trouvé. Il découvrait, en réalité, son propre travail, car il n’exécutait
celui-ci qu’à des heures bien tardives, dans le confort de son intérieur et de l’alcool. D’où lui
venait ces idées macabres ? D’où lui était venue l’idée de ce « jeu » ? Il préférait ignorer ces
interrogations et se concentra de nouveau sur les seins de sa jeune amie. Il s’aperçu, en la
regardant, qu’il avait oublié son plaisir à elle. Il sentait son intérêt pour la chose baisser. Il
voyait bien qu’elle était ailleurs. Cela ne lui plaisait pas du tout. Il lui fallait établir à nouveau
son emprise.
« Bon. C’est pas que j’ai pas envie de te prendre ma grande. Mais faut faire durer tout ça.
T’as soif ? T’as mal ? T’as b’soin de quelque chose ? Je te veux en pleine forme et prête à
subir ce qui va t’arriver. »
Elle sorti de sa torpeur en entendant sa voix. Sa voix qu’il avait grave, ronde et hypnotique,
une voix qui sortait de son torse. Claire et impérieuse. Elle acquiesça et demanda
timidement si elle pouvait aller boire, et éventuellement se soulager la vessie.
« Ok. D’abord tu pisses, après tu bois. Et tu viens encore de me donner une idée ... Allez,
lève-toi et suis mois. »
La jeune femme se releva, tremblante sur ses longues et fines jambes, et tenta de
s’accrocher à lui en une étreinte maladroite. Il n’y prêta aucune attention, et la guida
jusqu’aux toilettes ...
Il la tira par le bras de manière ferme et brutale. L’empreinte de ses longs doigts s'imprimait
dans sa chair, le rouge vif contrastant avec la pâleur de la jeune femme éprouvée. Ils durent
redescendre l'escalier par lequel ils étaient passés au paravent pour accéder aux cabinets
qui étaient assez grands pour accueillir cinq personnes. C’est ici qu'il arracha ce qui lui
restait de vêtements.
« Bon voilà, on y est, fais ce que tu as à faire. »
« Je ... Euh ... »
« Non. Je reste. Et je vais te regarder jusqu’à ce que tu finisses. Allez, j'ai pas de temps à
perdre. Il me reste encore à entrer dans ta petite chatte et dans ton cul serré. »
Sachant qu'aucune autre échappatoire ne se présenterait à elle, elle céda et posa sa croupe
contre la faïence glacée. Lui, avait saisi ce qui restait de sa jupe, et se masturbait
frénétiquement dans le tissu moite de son corps en sueur. Il ne la quittait pas des yeux. De
longues et interminables minutes s’écoulèrent avant que le liquide jaillisse d'entre ses
cuisses. Le bruit de sa pisse sur le fond de la cuvette la rendait honteuse. Elle se sentait
humiliée et rabaissée plus que jamais. Elle avait peur aussi. Peur qu’avec cette intrusion
dans son intimité il cesse de la désirer. Peur de le répugner. Elle finit en s’essuyant
rapidement, tout en essayant de cacher sa gêne. Elle se voulait forte dans cette situation.
Elle ne voulait pas de son emprise. Mais, sans qu'elle ne se l'avoue réellement, elle savait au
fond d'elle-même que c’était perdu d'avance.
« Parfait. Ça y est, tu es bien dressée comme je le voulais. Tu le sais, non, que maintenant
tu m’obéiras ? Que tu ne peux plus faire autrement ? C’est bien ... ça m'excite beaucoup
d'avoir une petite chienne comme toi à mes ordres ... Bon. Tu as bien mérité une
récompense. Puis comme je dis, quand ça sort, faut bien que ça rentre à nouveau quelque
part ! Tu vas boire, chienne. »
Ils remontèrent tous deux à la cabine, croisant sur leur passage quelques curieux fascinés
par la jeune femme nue, fragile et soumise.
Vieux frères.
G.s’était levé tôt ce matin-là. Tout se devait d’être parfait : son sac était prêt de la veille, l’appartement dans un état irréprochable, et il avait passé la matinée dans sa salle de bain. Rasé de près, parfumé, enveloppé dans ses vêtements frais et repassés, il pouvait dorénavant partir pour cette journée qui s’annonçait bien particulière.
Sur le trajet, G. pensait à lui. Un nœud d’angoisse se formait dans son bas-ventre. Il n’avait plus eu de rendez-vous avec B. depuis janvier, et appréhendait ces retrouvailles. Aurait-il changé ? Leur complicité serait-elle intacte ? Allaient-ils trouver les mots pour se parler ? Autant que questionnements qui accaparèrent l’esprit de G. tout le long du chemin. Son arrivée à V... le fit sortir de sa torpeur, à peine avait-il eu le temps de se préparer que déjà, il était devant sa porte.
Son cœur battait la chamade, et déjà, de la sueur perlait sur ses tempes. Pour faire taire cette angoisse insoutenable, et pour se donner une certaine contenance, il se lança en un élan inespéré vers la sonnette. Tout se fit très rapidement. On lui ouvrit, il monta les escaliers, et se retrouva à l’appartement 7.
B. était là, fidèle à lui-même. Les cheveux en bataille, une chemise surannée, et les yeux remplis d’une fatigue et d’une malice toutes personnelles.
Un instant de flottement s’installa. Ils étaient là. L’un en face de l’autre. Haletants. Se noyant dans leurs propres yeux. La tension rendait l’air écrasant. Leur souffle était court.
En un geste commun, brutal, et impulsif, les deux hommes se jetèrent l’un sur l’autre. Leurs lèvres vermeilles s’unirent en un échange passionné, leurs langues se fouillaient, et déjà leur sexe prenait une ampleur provocatrice. Il se sentait l’un et l’autre au travers de leurs vêtements, leur verge se frottant timidement, puis devenant de plus en plus pressante. Leurs mains parcouraient leur corps, se perdaient dans les cheveux, sur le visage, les épaules, le dos, le ventre ... Leurs bouches se souillaient tandis que leurs doigts glissaient inexorablement vers le sexe de l’autre, qu’ils finirent par empoigner au travers du tissu ...
N’y tenant plus, les bellâtres se déshabillèrent l’un l’autre et finirent à genoux, à même le sol, au milieu de leurs affaires éparpillées en un joyeux carnaval. Ils se masturbaient à présent à pleine poigne. Leur verge dure et chaude gonflait à l’unisson tandis que les premiers soupirs se faisaient entendre.
Leurs jambes endolories par le parquet dur et froid ne les tenaient plus. B. prit alors les devants, saisissant la main de G. pour l’emmener dans un endroit plus confortable. Ils montèrent dans sa mezzanine, sans échanger un seul regard. Leur fougue les intimidait, et ils n’osaient ni l’un ni l’autre briser ou interrompre le charme qui s’était emparé d’eux. B. allongea délicatement G. sur son lit. G. découvrait son intimité, quelques photos accrochées au mur, des livres, des bibelots ... Son exploration fut de courte durée. B., se postant au-dessus de lui, avec plaqué son sexe turgescent sur le sien et se masturbait avec force et frénésie, laissant la peau lisse de sa queue aller et venir sur la peau chaude de son ami.
Leur gland rond et doux se cherchait, et chaque effleurement tirait à chacun un soupir voluptueux. B., enhardi par les réactions encourageantes de G., remonta lentement ses doigts le long de ses cuisses frissonnantes, cherchant à atteindre un point bien précis ... Sentant les intentions de B. changer, G. eut un moment de panique. Une lueur de détresse s’alluma au fond de son regard. B. sut la capter, déposa un baiser délicat sur ses lèvres en un sourire charmeur, et le rassura.
Le geste fut d’une extrême lenteur et d’une douceur infinie. B. posa son majeur sur l’anus vierge de G. Il en fit le tour, le caressa lentement, l’explora. Jusqu’à détendre peu à peu son anneau serré par l’angoisse des premières fois ... Doucement, il inséra un premier doit. G. grondait, soupirait, ronflait ... Des râles à peine audibles s’échappaient de lui. Peu à peu, il lâchait prise, s’abandonnant entre les mains expertes de celui qu’il connaissait depuis maintenant 20 ans.
B., encouragé par les signes de contentements de G., redoubla d’audace et enfonça un deuxième doigt venant rejoindre l’autre. Profondément. Il sentait les parois de ce rectum, auparavant inexploré, se dilater, s’ouvrir comme une fleur ... Cette initiation s’était figée dans le temps. Les deux vieux frères étaient en apnée. Guettant les réactions de chacun, G. saisit alors le poignet actif de son ami, le repoussa tendrement, et saisit son sexe en signe d’acceptation et d’abandon. Une sorte d’espoir se lisait sur son visage. Une envie nouvelle, un bonheur partagé qui était resté insoupçonné pendant toutes ces années.
Maladroits, ses mouvements ne guidaient guère son compagnon qui semblait bien plus aguerri. Avec adresse et expertise, il dirigea la pointe de son dard vers l’abîme en forme d’étoile, obscur objet du désir. Lentement, très lentement, les cœurs se mirent à battre à l’unisson, les muscles se bandèrent, les regards se perdirent ...
Tandis que B. ouvrait de son gland le cul étroit de G. Le morceau de chair gonflé s’enfonçait dans cet anus timide et caché dans les replis du corps et de la peau. Puis, ce fut au tour de la verge de s’enfoncer, lentement, toujours plus lentement ...
G. se sentait rempli. B. se sentait complet. Ils ne formaient à présent, à eux deux, qu’une seule et même personne. G. ne souffrait pas, bien au contraire, il jouissait de ce sexe nouveau en lui, ce sexe qu’il n’avait jamais osé imaginer. Il était à présent logé en son être. B., quant à lui, moins pensif et plus actif, remarquant qu’aucune douleur n’avait surgi, se mit à l’ouvrage. Il accéléra ses mouvements, explorant toujours plus. Ses coups de reins se faisaient pressants, insistants. G. cherchait sa bouche, sa tendresse, mais B. était perdu dans une sauvagerie montante. Il limait son ami sans plus aucune retenue. Il défonçait son cul sans ménagement. Le plaisir était intense, presque insoutenable. Cette pénétration nouvelle laissait G. sans voix. Perdu. Il ne savait que faire, que penser. Jusqu’où cela irait ? Quels outrages lui seraient infligés ?
G. avait envie d’explorer par lui-même. De découvrir ce pan de sexualité qui lui appartenait à présent. De l’apprivoiser. Il se redressa légèrement, les coudes posés sur le matelas. Il profita de cette position pour dégager le sexe de B., et lui arracha un baiser en suçant sa lèvre inférieure. D’une main sur l’épaule, et d’une légère pression, il inversa les positions et se retrouva au-dessus. Il avait ainsi tout le loisir de l’observer. Sa peau laiteuse, ses boucles d’argents, ses yeux bleus à en faire pâlir les plus beaux ciels d’été ... Il réalisait peu à peu à quel point B. était beau. Cette beauté l’émouvait. Et d’émotion, il porta sa bouche à son sexe. Timidement, agaçant le gland du bout de la langue, le recouvrant de baiser ... Le gobant par moments. Puis, il se mit à descendre. À apprécier sa verge dans toute sa longueur. Dans sa bouche.
Il le suçait, et ainsi suçait pour la première fois. Concentré, les yeux rivés sur la toison poivre-sel de B., incapable de le regarder dans les yeux, G. réalisait à peine ce qui était en train de se passer. Un événement singulier, surréaliste, hors du temps, de l’espace, et de tout entendement. Ses mains parcouraient ses hanches, ses cuisses, son ventre, et venaient s’arrêter à la naissance de son torse. Il l’explorait de la pulpe de ses doigts, appréciant cette peau douce et chaude. B. quant à lui soupirait. Les yeux fermés, le visage grave. Il accueillait avec bienveillance cet ami et ses découvertes. Il le laissait faire pour le mettre en confiance. De temps à autre, ses reins se soulevaient pour permettre à sa verge de se loger un peu plus profondément dans la gorge de G. C’était une fellation complice, spontanée, douce et belle.
Mais déjà, l’envie de le reprendre dans son cul refaisait surface. L’envie de retrouver cette sensation de plénitude avec le membre turgescent de l’ange aux yeux bleus. Il profita alors de sa position pour retirer le sexe de sa bouche et se placer juste au-dessus. Une jambe de chaque côté de ses hanches. B. lui intima l’ordre doux, mais ferme, de s’empaler. Ce que fit G. sans broncher. C’est ainsi qu’il le chevaucha. Faisant aller et venir son bassin d’avant en arrière. Rebondissant sur le bas-ventre frisé de B. qui soupirait de contentement. Le bougre n’avait pas grand-chose à faire et profitait pleinement de la sensation de sa queue dans une cavité humide et accueillante. G., quant à lui, était rouge de sueur, et criait à chaque coup de reins. Il s’exaltait dans cet ébat inespéré et inattendu. Il avait soif de sa propre jouissance. C’est alors qu’en un long râle, soudainement, le climax fut atteint.
Les yeux révulsés, G. expulsa sur le ventre de B. une liqueur blanchâtre et sucrée qui se répandait jusqu’au cœur du nombril. Le tout sortit en plusieurs jets déviés par les secousses et les spasmes incontrôlables de G.
B. était pleinement satisfait. Cette journée qui s’annonçait banale prenait une tournure tout autre que celle prévue, et cela lui plaisait particulièrement. Maintenant que G. avait pu profiter de cette nouvelle expérience, et maintenant qu’il était allé jusqu’au bout, B. allait pouvoir s’amuser un peu. D’une voix ferme, profonde, et troublante, il ordonna à G. de nettoyer son ventre de sa langue. Celui-ci s’exécuta et laissa courir son appendice de chair le long de la peau frémissante de B. Il se délectait du goût de son propre sperme et de l’épiderme de son nouvel amant. Lorsque celui-ci eu tout bu, B. se redressa péniblement, et le regarda dans les yeux. "Maintenant, à quatre pattes. Tout de suite." G. ne se fit pas attendre, et se retrouva le cul en l’air, offert et ouvert. Cette position humiliante ne faisait que renforcer son excitation. B. vint se placer derrière lui, saisit les deux globes de chair, et défonça d’un coup, d’un seul, l’anus béant de G.
Il le lima fortement, longuement, claquant ses fesses et soupirant de mille façons. La tête de G. tournait, à peine capable de réaliser ce qui lui arrivait. C’est alors qu’il le sentit. Le liquide chaud se répandre en lui. Remplissant son intérieur. L’éjaculation de B. avait été si abondante que déjà les giclées sortaient de lui en une fontaine généreuse.
B. n’avait aucune limite dans sa perversité. À peine avait-il fini, que déjà de nouvelles idées lui venaient à l’esprit. Il invita donc fermement G. à se positionner au milieu de son salon, et à s’accroupir sous son regard inquisiteur. Ce que fit G. avec une honte et une gêne non dissimulées. Une fois accroupi, le foutre de B. s’écoula en cascade de son cul. G. souillait le sol malgré lui, assistant sans défense à sa propre humiliation. Son ami s’approcha de lui d’un pas assuré, et tapota son visage en quelques gifles d’approbation. Il était sa chienne, il le savait, et il savourait ce moment avec délice. Les deux hommes se contemplèrent pendant de longues secondes, les yeux plongés dans les yeux.
C’est alors qu’on sonna à la porte. B. et G. se figèrent. Personne n’était attendu. La terreur emplissait leur regard. Une voix féminine se fit entendre :
— C’est C. ! Il y a quelqu’un ici ? J’ai ramené le dessert !
Ils devinrent livides, devinant qui se trouvait sur le palier. Qu’allaient-ils faire ? Lui ouvrir l’air de rien ? L’inviter à les rejoindre ? Faire semblant d’être absents ? Toutes les solutions semblaient à la fois bonnes et mauvaises, à la fois repoussantes et tentantes. Ils connaissaient très bien cette jeune femme, ici, tout près d’eux. Connaissaient très bien son appétence pour la luxure... Mais serait-elle prête à encaisser le choc ?
B. fut le premier à faire un pas hors du lit. Il se rhabilla à la hâte et lança à G. ses vêtements éparpillés sur le sol. Il se précipita vers la porte, la déverrouilla, et ouvrit celle-ci sur un visage radieux, rayonnant.
— Hé bien B., tu en as mis du temps ! Et tu fais une de ces têtes, tu es tout transpirant... Tout va bien j’espère ? Tu es seul ?
B. bredouilla quelques mots inintelligibles.
— Hé bah tu as perdu ta langue ? J’ai entendu du bruit chez toi... Tu es avec quelqu’un c’est ça ? Si tu veux, je peux repasser plus tard...
À ces mots, G. surgit en arrière-plan, en sueur.
— Oh ! Bah qu’est-ce que tu fais là C. ? ça fait plaisir de te voir ! On était juste en train de, hmmm, de régler un problème de tuyauterie avec B. Tu veux boire quelque chose ? Il fait chaud là non ?
C. esquissa un petit sourire. Elle avait compris.
Adolescentia
Le corps blême, fin, élancé. Les membres trop longs, si longs à
n'en savoir que faire. Un faon qui ne tient pas debout. On
s'assoit, encombrées par nos jambes, nos bras qu'on balance
par-dessus des épaules osseuses et frêles. Les lèvres rouges,
la plante des pieds rouges, les joues, le nez, le bout des
doigts, qui sont autant d'insultes à la pâleur du reste. On se
montre, on se touche, on se découvre au travers de l'autre. Des
cris d'oiseaux à peine sortis du nid. On tourne et retourne les
mains, seul autoportrait possible. Les doigts se tordent. On
forme une masse informe, où l'individu seul disparaît pour
laisser place à des pépiements, des parfums juvéniles, des
dents comme des perles en farandole. Et dans ce tumulte
incessant, personne ne remarque le sang, qui s'écoule
lentement, de la petite bouche.
Caretaker
Vous êtes ici depuis toujours, une éternité d'une seconde en
boucle, qui se répète inlassablement. Sans souffle, sans
pulsation, sans rien. Un encéphalogramme plat, les yeux grands
ouverts qui ne voient pas. Vous êtes là sans être. Un entre-
deux hors de l'espace et du temps, au-delà de la contrainte
métaphysique. Un phonographe tourne en silence, se détachant
sur le papier peint de fleurs fanées. Les planches usées ne
grincent pas, et n'ont jamais grincé. Une chaise en bois est
là, seule, jamais personne ne s'y est assis. Sauf peut-être
vous, et les autres avants. Salle d'attente ou antichambre, où
personne ne viendra vous chercher. Une sensation de calme qui
ne s'oppose pas à l'agitation, qui rejoint seulement l'absence
totale et absolue.
Carmélites
Les murs, le plafond et le sol ne forment qu'un seul et même
ventre. Une paroi de pierre isolant de tout. Au dehors, un soleil
éternel brûle les cyprès et gonfle les citrons ; les roches sont
chaudes. Au dedans, la chaleur semble aspirer les sons ;
l'humidité et la moiteur étouffent tout. De grands bacs sont
dispersés de part et d'autre de la salle. À leurs côtés, des pots
de terre gardent en leur sein le bouillonnement d'une eau
minérale, puisée ce matin. Au-dessus, des rameaux d'olivier
viennent obstruer l'ouverture, et suent leurs senteurs lourdes et
épaisses. Autour, tout autour, des corps s'affairent. Ronds,
roses, en sueur, les joues rouges, les gestes précis et lents. La
peau recouverte d'onguents riches d'huile et de cire.
S'éparpillent au pied des bacs les bruissements des bures, de la
laine, du cuir brun des sandales. L'heure du bain.
Silence sur un lieu sans nom et des visages sans autre patrie que
Dieu lui-même. Instant volé et interdit, qu'on ne nomme pas.
Kinski
Se noyer dans les yeux de Kinski. Y découvrir le chaos et
l'infinie douceur qu'il cache. Se perdre dans sa brutalité, sa
folie, son génie, et se laisser faire. Nostalgie de quelqu'un que
l'on n'a jamais connu, ni même croisé. L'impossibilité d'envisager
une rencontre morte dans l'œuf et enterrée bêtement en 1991.
Prophète avorté dans sa montée en puissance, pétard mouillé qui
laisse un arrière-goût amer de "et si ?". Alors on se console avec
les films qui sont une bien maigre pitance. Comment se rassasier
de l'inaccessible et du jamais plus ? Reste la voix, peut-être,
qu'on s'approprie mieux que l'image. Qu'on peut entendre partout,
tout le temps, à qui on peut faire dire n'importe quoi.
Frustration de ne pas percer le secret d'un être, de ne pas
pouvoir se nicher sous sa peau pour étudier les moindres recoins.
Klaus inspire autant qu'il frustre, comme un corps projeté sur une
toile que l'on voudrait saisir, mais qui n'est fait que de rien.
B1
Les boucles, entre chien et loup, couronnent le crépuscule d'un
visage à la fois lunaire et terrestre, tandis que la rosée des
dernières heures du jour vient perler sur la clairière et les
vallons d'un paysage rythmé de courbes secrètes, creusées sur
quarante-trois ans d'une vie accidentée.
En contre-bas, un ruisseau murmure, grave et sourd, au plus
profond des entrailles, et se crée un chemin en rigoles entre les
roches et galets, formant l'éternel sourire gamin des premières
fraîcheurs. Le tout, caché, par l'ourlet charnu d'une terre glaise
et vermeille, généreuse, tendre.
L'affaissement délicat du poids des âges disparaît à la première
bifurcation qui mène le voyageur hors de la plaine. Ici l'arrondit
ferme d'une épaule, là, l'arête d'une clavicule aiguisée. En
s'aventurant un peu plus loin serpente un circuit veineux à peine
visible mais sensoriel si on y colle l'oreille. Celui-ci mène au
bout d'un premier voyage.
Quatre nids d'une douceur surréaliste invitent à l'indolence
tandis qu'au loin, droit devant, s'activent cinq doigts noueux,
burinés, travaillés comme un bois d'acajou.
Jamais le voyageur ne trouvera, au cours de milles échappées,
entre les chemins de l'index, du majeur, de l'auriculaire, de
l'annulaire et du pouce, une peau aussi douce.
B2
Ta voix ... Chant du cygne crépusculaire. Tantôt feulement, tantôt
bruissement, un répertoire de tons, de sons, de gammes, réunissant
en son sein chaque tonalité allant du fauve au végétal. Un
frottement doux, effleuré, de plus en plus insistant, puis rugueux
jusqu'à la brûlure.
Un murmure caverneux, rocailleux, aux entrailles ruisselantes, se
terminant en clapotis à peine audibles.
Un chuintement, comme une rumeur, qui s'insinue par tous les
pores, qui se fraie un chemin jusqu'à l'âme et aux secrets du cœur
de l'amante.
Un grondement puissant qui avale tout, engloutit tout, réduit au
silence et rend caduc l'absolu.
Q1
Quand le confinement prendra fin, on fera pousser des plantes et
des fleurs sur ton balcon. Les racines s’ancreront profondément et
perceront la pierre pour venir s’entremêler au sol. Les feuilles
grandiront et s’épanouiront comme un ciel de verdure. Nous ferons
l’amour dans cette jungle de notre invention, les pieds mélangés à
la terre. Le soleil parsemera nos peaux de tâches colorées et la
fumée de nos cigarettes prendra des teintures d’opium. Les oiseaux
y feront leur nid et chanteront pour nous, gemiront au rythme de
nos gémissements. Nous serons fauves sous cette voûte béate et
azur. Et nos corps animaux renaitront au zénith de ton balcon.
Q2
Mon amour pour toi me fait crever. Me terrifie. Je ne sais pas
aimer, j’aime de travers, j’aime tout en l’air. J’aime trop vite,
trop fort, trop intensément. La passion tue et consume tout. Je
suis morte depuis bien longtemps, au bûcher de mes propres flammes
ardentes. Elles m’ont léché tout le corps et le cœur et ne reste
que les cendres.
Comment t’aimer correctement sans te blesser ? Comment t’aimer
correctement sans t’envahir ? Comment ... Ne plus avoir peur, ne
plus se précipiter, ne plus se noyer. Comment aimer normalement et
sainement sans se retirer le cœur de la poitrine ? Je meurs de
t’animer, je meurs de ton bonheur, je meurs de toutes les étoiles
dans le ciel noir de tes yeux. Si seulement tu m’avais connu avant
... Amoureuse de l’amour même. Sans crainte, sans contrainte. Tu ne
m’écris pas et je me retiens. Toi aussi, tu me prendrai pour une
petite folle. Tu me parles des artistes, de l’amour des artistes,
des couples d’artistes. Tu vois, leur brasier, leurs extrêmes. Tu
me dis que tu es fasciné. Mais serais-tu prêt ? Serais-tu prêt
pour cet absolu ? Pour cette intensité ? Je te l’apporterai
volontiers sur un plateau d’argent, une offrande, la tête coupée
d’un ange. Mais ne prendras-tu pas peur ? La création à deux. Toi,
muse au masculin. Quelqu’un qui ne craindrait pas de se jeter
corps et âmes, de se consommer et se consumer. J’écrirai sur ta
peau des milliers de poèmes, j’inscrirai dans ta chair toute
l’histoire des choses, faisant de toi le porteur des secrets de
l’univers. Je t’immortaliserai sur ma rétine, ton visage éclairé
par la cendre fumante de tes cigarettes, ta bouche au goulot de ta
trompette. Serais-tu prêt à être aimé ainsi ? Assumerais-tu un
cœur trop plein de toi ? Je ne crois pas, je ne sais pas.
Q3
Je t’écris des petits poèmes sans conséquence. Je te parles de tes
yeux, de ta peau, de tes mains, et tu sembles te complaire dans
cette glorification de ton être. Mais qu’en sera-t-il si un jour
je te parle d’amour ? Plus que jamais, aujourd’hui, terreur,
abandon et rejet sont mes hantises. Je suis prête. Prête à t’aimer
sans condition exceptée celle que tu ne me le rendes pas, cet
amour. Je suis prête à tout te donner, sans concession, à la seule
condition que tu ne me donnes rien. Les portes de mon royaume
intérieur sont ouvertes à sens unique. Tout en sort mais rien n’y
entre. Avant même le commencement, l’éternel schéma se répète de
nouveau. Je pense à toi, je t’écris en pensée, je t’invente milles
surprises et milles présents. J’élabore des stratagèmes pour te
faire rire, pour ton sourire, pour te faire jouir, pour te faire
vivre comme tu n’as jamais vécu. J’imagine, des voyages à
l’improviste dans des lieux secrets. Et toi ? Rien, probablement.
Ta vie suit son cours sereinement. Le fil de tes pensées ne change
pas de couleur. Tu es là, inchangé. Je me réjouis de te voir
vivre, de te voir fumer, boire, respirer, discourir, dormir,
marcher, réfléchir et ne penser à rien. Tu es là, entier,
essentiel, indispensable. Je ne te connaissais pas mais tu es là
depuis toujours, tu étais déjà là avant moi. Je découvre ton
existence comme on découvre une planète. Émerveillée et surprise
par tant de singularité. Et toi, tu me devines seulement. Je te
donnerai tout ce dont tu auras besoin pour être heureux, pour
reconstruire l’empire de tes dents blanches, pour l’éternel astre
qui brille en toi. Je te regarderais discrètement, de loin,
accrochée à cette lumière incandescente, satisfaite de te savoir
plus vivant que jamais.
Q4
Tu as creusé du bout de l’ongle, machinalement, sans y faire
attention, mon plexus solaire. Tu y as fait une première
meurtrière pour voir sans être vu. Puis ton doigt a attaqué le
cartilage, les côtes, sans effort aucun, te surprenant toi même de
l’aisance à percer l’os. Le sang coulait en rigole, se répandant à
tes pieds en une flaque chaude, calice à ta toute suprématie sur
le royaume de ma chair. Tu as enfin percé la poche de l’amertume.
Tout s’est affaissé soudainement, les barrière unes à unes se sont
enfoncées dans ma cage thoracique. Et est tombé au creux de ta
paume mon cœur meurtri. Mon cœur battant, sanguinolent. Oisillon
tombé du nid tout contre ta main. Tu peux laisser ta peau
s’imbiber du rouge organique. Ou tu peux montrer le dos de tes
phalanges et prolonger sa chute. Peu importe, l’essentiel résidant
en le fait qu’il soit sorti de sa cage. L’essentiel étant
l’offrande sans concession. Je te l’offrirai pour te réparer, pour
que tu le sentes dans ta gorge. L’essentiel étant non pas d’être
aimée, mais que tu te sentes aimé.
Q5
J’ai passé la nuit
Tourmentée tour à tour
Par ton ventre
Par tes hanches
Par ton dos
À chaque éveil j’embrassais
Ta nuque comme si
Tout l’univers en dépendait
Comme si
En ce geste unique résidait
Tout l’espoir du monde
Je n’oublierai jamais
La chaleur de ces instants
La moiteur
Ta peau comme le sable du Sahel
Ta peau chaude et dorée
Ta peau comme tapis de chair et de prière
Ta peau semblable à l’absolu
Acide
La pluie tombe de nouveau aujourd’hui. Elle transperce les corps
et les remplit. Les boursoufle. La pluie comme un millier de
gouttes acides. J’aimerai sentir ma peau se disloquer, fondre et
se répandre sur le bitume. Voir apparaître des puits de fumée sur
moi et tout autour.
L’amour est une pluie de cyanure. Je courbe l’échine et la chair
de mon dos se désagrège. L’amour est un asservissement aux coups
et blessures. Des doigts dans ma fente, des lames de rasoirs. Une
fouille au corps brutale.
L’amour prend tout et ne donne rien. L’amour est égoïste,
orgueilleux, cruel, individualiste. L’amour vide et jette.
J’exècre et répudie la possibilité d’un autre. Je conchie l’idylle
et ses mensonges.
L’amour comme synonyme de viol et d’impunité. Comme verbe qui ne
s’accorde qu’au passé. Comme justification de la violence et de la
méchanceté. Comme un prétexte pour la maltraitance. Droit
impérieux et supériorité absolue de l’être qui aime.
Je ne
Veux plus
Jamais
Être aimée.
Et je tuerai tous les affreux.
R
Le soleil est de retour.
La torpeur.
Les nuits plus courtes et les jours plus longs.
Je m’endors paresseusement sur le balcon.
Les jambes nues et le sexe découvert.
Comprendras-tu, le moment venu, cette profondeur qui nous sépare ?
Mes étés sont brûlants et mes nuits d’opaline.
Quand pour toi il n’y a que le corps.
Comment et quand quitteras tu l’enfance ?
Alors que la mienne n’a ni commencement ni fin.
Quel sera le point de basculement ?
Laisse moi découvrir
Les secrets de ta jeunesse
Avant que celle-ci ne disparaisse.
Apprend moi
La fougue et l’insouciance
Je te montrerai l’absolu.
Je ne me masturbe plus
Je ne me masturbe plus.
Je ne me masturbe plus à cause des garçons dans ma tête. De leurs
doigts et de leur sexe, de leurs mains fines et habiles, agiles
sur ma peau et sous mon ventre.
Je ne me masturbe plus à cause du temps qui manque et de la
fatigue, les moments lancinants, lassants et las.
Je ne me masturbe plus, l’écriture et la création remplacent et
laissent des traces que je ne fais plus sur mon corps.
Je ne me masturbe plus, je ne me scarifie plus, je laisse plus
d’empreintes sur ma peau, les autres s’en chargent et m’encrent ou
s’ancrent en moi.
Je ne me masturbe plus, je pense au travail jour et nuit, je me
noie dedans, je me complaît dans la surabondance de tâches qui me
font oublier que j’ai une fente qui ne boit pas la même tasse.
Je ne me masturbe plus, je pense à ma peur panique des hommes, de
l’amour, du fait de ne plus aimer, de ne plus faire confiance, de
redouter tout le temps ce qui se passe derrière le masque.
Je ne me masturbe plus à cause des cris et des insultes, à cause
de l’enfermement et de la solitude terrible en l’espace de
quelques minutes.
Je ne me masturbe plus à cause du plaisir des autres, du plaisir
que je donne aux autres et que je ne me donne plus, du plaisir et
du bonheur des autres.
Je ne me masturbe plus car la pornographie me fatigue. Je ne m’y
retrouve plus, l’impression d’avoir tout vu, tout bu, et la
nausée.
Je ne me masturbe plus, je me suis fait trop de mal, trop
longtemps, trop fort, et j’ai peur de me toucher.
Je ne me masturbe plus, et je ne pleure plus. Je ne pleure plus
depuis son visage fou à quelques centimètres du mien. Depuis la
peur de ne jamais m’en sortir.
Je ne pleure plus même dans les moments de liesse. Je ne pleure
plus de colère, ni de joie, ni de tristesse. Je ne pleure plus
après des années passées à pleurer.
Je ne pleure plus, de peur de passer pour une folle.
Je ne pleure plus par peur des parasites qui s’engouffrent dans
les failles.
Je ne pleure plus par peur des autres et de moi.
Je ne pleure plus, je garde tout en moi, caché profondément, plus
rien ne sort.
Je n’arrive plus à être
chaleureuse
heureuse
confiante
proche
intime
là
profondément.
L’absolu dont j’avais fait mon étendard a disparu.
Il ne reste plus que
le vide
le néant
le désert
aride
seul
ici.
Dents de lait
Elle a toujours découvert le monde par sa bouche. Déjà petite,
elle y mettait tout ce qui lui passait sous la main. Éponge,
craie, crayons, billes, terres, pierres, et plantes. Gavée de
couleurs et de textures, elle finissait toujours son exploration
par les papilles. Elle se représentait sa langue comme un tapis
moelleux, scanner des choses qui l’entouraient, et gâtait
généreusement cette douce amie.
L’apaisement passait aussi par la bouche. Pour s’endormir, elle
suçait son pouce. Tétait un bout de drap, de couverture, l’oreille
d’une peluche. Elle s’endormait par succions. Pastilles, cachous,
cachets pour la gorge, pour la toux, rien n’échappait à son regard
attentif et expert. Elle se délectait des petits bruits mouillés
provoqués par cet étrange manège jusqu’à sombrer profondément.
Elle aimait par dessus tout aller chez le dentiste. Entendre la
turbine dentaire tourner, se retrouver sous la lumière, et
profiter comme en une sanctification des sévices que sa bouche
subissait. Sentir le détartreur creuser et saigner ses gencives.
Le goût froid du métal et du sang, qui partait dans l’aspirateur
de mucosités. Elle adorait la sensation du plastique des gants sur
sa langue, les doigts du dentiste à l’intérieur de ses joues.
Ces années d’observations minutieuses aboutissaient à présent en
l’accomplissement de ce qu’elle considérait comme son chef
d’oeuvre. Les outils étaient tous réunis, proprement rangés et
aseptisés. Elle contemplait le résultat de son intervention avec
un soulagement discret. Dans la cuvette d’acier reposaient ses
gantelets souillés de salive aux côtés de cotons, cotons-tiges, et
divers engins.
Son patient endormi par la douleur basculait sa tête sur le
fauteuil dentaire. Sa bouche béante et ensanglantée révélait
trente-deux petites cavités. Des trous noirs dont on ne voyait pas
le fond. Des petits puits mous dans les gencives. La chair
tuméfiée brillait sous la lampe d’examen. La langue baignait dans
une petite flaque de sang qui commençait à s’écouler en rigoles le
long de la commissure de ses lèvres.
Elle rêvait depuis toujours de manger ses dents et, à défaut de
pouvoir manger les siennes, en avait trouvé d’autres. En formant
un petit « o » avec ses lèvres, elle aspirait les dents unes à
unes et remplissait sa bouche. Incisives, molaires et canines
s’entrechoquaient. Elle jouait avec sa langue, caressait ses
joues, tentait de croquer doucement l’émail. Les pleins et les
déliés de ses propres perles buccales étaient fouillés par les
pics minuscules des racines.
Enfin, les unes après les autres, elle les avala. Les dents lisses
glissaient jusqu’à son ventre sans accrocs. Doucement, elle se
remplissait de dents. Fantasmant son ventre denté pour finir de
mastiquer. Lorsque la dernière prémolaire eut disparu, elle
s’assit en face de son patient, passa ses doigts sur ses gencives
molles et s’endormit ainsi. Un doigt dans sa bouche.
Impressions d'été
Une tâche de lumière sur le parquet. Un corps nu délassé. L’odeur des citrons et de l’olive. Les
cigales qui stridulent. Le vent dans les rameaux. Une grenade fendue dans la corbeille en osier.
Une bouteille de porto. Le vin a tâché le fond du verre.
Des draps blancs, froissés. Les rayons du soleil découpés par les persiennes. Une cigarette
encore fumante dans le cendrier en verre. Un bureau et quelques feuilles. Un miroir au mur.
Une bouteille de Cognac. Un doigt fait tourner les glaçons.
L’ombre de la terrasse. Les graviers. L’écorce des orangers. Une nappe à carreaux. Un transat
pour la sieste. L’herbe séchée. L’embrun. Les bruits de la mer au loin. La quiétude. Le
paillasson et le rideau à franges. Une bouteille de pastis intacte. Elle a bu la tasse.
Elle rêve des premiers jours de canicule. La torpeur des villes, et l’odeur de l’asphalte. Allongée
à même le bitume. La chaleur transperçant chaque pore de sa peau, la pénétrant. Elle rêve de
la lumière blanche et écrasante du soleil au zénith, une lumière blême qui n’épargne personne.
Personne dans les rues, tout le monde cloîtré, juste elle au bord de la route. La sueur forme une
flaque sous son corps qui d’un geste s’évapore et diffuse son odeur.
Sieste salvatrice des membres engourdis, d’une agonie astrale brûlante. L’envie de se
masturber, mais pas la force. L’envie d’un corps qui remplacerait ses doigts, mais qui tiendrait
encore plus chaud. Le corps se liquéfie au sol. Le bruissement des insectes qui grouillent à la
recherche d’ombre dans les replis de la terre. Lézarder.
Elle aime mourir dans la fournaise. Elle aime la moiteur. Elle aime le tournis provoqué par le
moindre mouvement de tête. Elle aime la sensation de l’eau fraîche dans son larynx après le
crépuscule. La plante des pieds sur des pierres fumantes, la plante des pieds qui brûle, rester là
pendant des heures et brûler sur place.